Retrouvez le « Mot de la Présidente du CORIMER » dans le hors-série du Pôle Mer Méditerranée publié à l’occasion de ses 20 ans.
2005-2025 : Un tournant politique et stratégique
En 2005, le paysage maritime français était encore fragmenté, souffrant d’un manque de structuration et de visibilité. La création des Pôles Mer en 2005, suivie de celle du Cluster Maritime Français (CMF) en 2006, a marqué un tournant en en mobilisant les parties prenantes autour d’objectifs communs. Puis les Parlements de la mer ont vu le jour en région, le 1er en Occitanie / Pyrénées – Méditerranée dès 2013, fédérant acteurs locaux et nationaux autour de stratégies territoriales adaptées. Le Comité Stratégique de Filière des Industriels de la Mer (CSFIM), lancé sous l’égide du Conseil National de l’Industrie (CNI) et dont le 1er contrat stratégique, renouvelé depuis, a été signé en 2018, a appuyé cette dynamique en donnant une voix unifiée à la filière industrielle maritime dans son acception la plus large.
Durant ces deux décennies, les initiatives se sont multipliées : Stratégie Nationale Mer et Littoral (SNML) dès 2017, Comités Interministériels de la Mer (CIMer) à partir de 2021, One Ocean Summit en 2022, … L’apparition de financements dédiés à l’innovation ou encore l’émergence de nouvelles filières – énergies marines renouvelables (saluons ici la désignation des lauréats de l’AO6), transition écologique du transport maritime, exploration des grands fonds marins, … – illustrent l’engagement croissant de l’État et des industriels pour soutenir des solutions innovantes et compétitives. Industriels qui, quant à eux, ont fait évoluer leurs feuilles de route technologiques (SmartShip, GreenShip, SmartYard, Industrie en mer du futur, SSEM), véritables boussoles pour les porteurs de projets innovants.
Innovation maritime : le rôle moteur du CORIMER
Depuis sa création en 2018, le CORIMER (Conseil d’Orientation pour la Recherche et l’Innovation de la filière des Industriels de la Mer) joue un rôle clef dans le développement de la stratégie maritime française. Organe de coopération Etat-filière, il a su renforcer son influence en rassemblant l’industrie, la recherche et les institutions autour d’une vision commune. En soutenant des projets concrets et structurants, il a contribué à donner un coup d’accélérateur à l’innovation maritime. Grâce aux fonds mobilisés et à la collaboration renforcée entre acteurs publics et privés, des solutions émergent, encadrées par les feuilles de route technologiques de la filière.
Les différents Appels à Manifestation d’Intérêt (AMI) et autres formes de portage public-privé ont permis à plus de 150 projets innovants, le plus souvent labellisés par les Pôles Mer, de voir le jour depuis 2020, offrant des perspectives prometteuses pour la transition écologique, le développement économique et la souveraineté nationale. Les efforts conjugués ont permis de dégager dans le cadre de France2030 un soutien financier croissant atteignant un pic à 125 millions d’euros pour les dossiers soumis en 2023, complétés par des fonds privés (162MEUR s’ajoutant aux 75 de subventions pour l’AMI seul).
L’année 2024 n’a pourtant pas permis de concrétiser nos ambitions légitimes, aucun AMI CORIMER n’ayant été lancé. 2025 a toutefois vu le lancement de l’AAP CORIMER : Navire Bas Carbone.
Si ces avancées sont encourageantes, elles doivent donc désormais s’inscrire dans la durée. L’enjeu est de consolider ces progrès en assurant une continuité des engagements politiques, un soutien renforcé à l’innovation à visée industrialisation, incluant la composante duale civil / militaire, pour assurer sa pérennité et une coordination efficace entre les différents acteurs pour construire un avenir maritime structuré et ambitieux.
2025-2045 : Quel avenir pour l’innovation maritime ?
Les 20 dernières années ont permis de structurer la filière des industriels de la mer et les défis à venir sont immenses. La compétition internationale s’intensifie, la transition écologique impose une transformation rapide des modèles, et l’innovation doit continuer à être soutenue pour maintenir la compétitivité, l’attractivité et garantir la souveraineté de la France.
Les 20 prochaines années, et sans doute l’échéance est-elle plus proche, seront décisives. Quelle place pour les nouvelles technologies maritimes ? Comment assurer un développement économique durable tout en préservant les écosystèmes ? Quelles synergies entre industries, territoires et institutions pour renforcer notre souveraineté industrielle ?
Les réponses à ces questions dessineront le futur de notre économie bleue. Une chose est sûre : après 20 ans de structuration et de reconnaissance, l’heure est venue d’affirmer pleinement la place de la France comme grande puissance maritime du XXIe siècle.
L’organisation de l’UNOC en France en cette Année de la Mer devient le symbole de ce changement de paradigme. Autrefois peu impliquée dans les grands débats internationaux sur l’océan, la France affirme aujourd’hui son rôle de leader du maritime, tant sur les enjeux économiques qu’environnementaux. La prise de conscience s’accélère, les initiatives se multiplient, et l’innovation maritime bénéficie enfin d’un cadre plus structurant.
Le Premier Ministre l’a affirmé lors du dernier Comité Interministériel de l’Innovation, « Il n’y a pas de politique de croissance sans politique d’innovation. Dans notre monde soumis à de multiples tensions, l’avance technologique revêt même une dimension stratégique de première importance ». Pour la compétitivité de demain, du fait de son poids dans l’économie, l’industrie doit se projeter et l’innovation en est la clef. Le maritime tiendra son rang et le CORIMER saura accompagner ses acteurs.
Hors-série complet à télécharger ici: Dossier_20-ans_Pole-Mer-Mediterranee.pdf